Il y a une dizaine d’années, j’ai obtenu mon diplome d’Architecte et une Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre (HMONP), au terme d’un long cursus dans les écoles nationales supérieures Paris Val de Seine et Versailles. J’ai ensuite exercé dans différentes agences en Île-de-France, sur tous types de projets (logements sociaux, équipements publics, tertiaires, etc.).
Contrairement aux idées reçues dans ce milieu professionnel, les études ne garantissent ni l’accès à l’emploi, ni les compétences recquises pour l’obtenir!
Je me suis apje me suis aperçue que mon
bagage comportait plus d’ambitions utopiques
que de connaissances techniques pour exercer un
métier idéalisé par de longues années d’études.
Contrairement aux idées reçues, un parcours
fluide et linéaire dans une grande école ne facilite
en rien l’entrée dans le monde du travail, a fortiori
quand l’enseignement dispensé est aussi peu
exhaustif sur l’exercice réel de la profession.
De nos jours, on apprend aux futurs
architectes à concevoir, mais pas à construire.
Pour parapher Socrate : [au sortir de mes études]
«tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien!».
Partant de cet «à-mer» constat, je me suis donc
accrochée à mon maigre bagage comme Rose à
son radeau, déterminée à suivre le courant d’un
parcours professionnel impétueux, tantôt portée
par les flots de la vie et le rythme déchaîné des
agences d’architecture, tantôt freinée par la loi
du marché, ramant sur les eaux stagnantes du
chômage et luttant contre l’inertie grâce à quelques
périples à l’étranger.
A mon sens, les voyages forment la jeunesse autant
qu’ils la déforme, l’exhortant par confrontation,
à sortir du moule dans laquelle on l’a façonné.
Ç’a été de véritables étapes initatiques sur
mon parcours, tant sur le plan personnel que
professionnel, qui m’ont permi de renouer
avec l’amour de l’architecture, en découvrant
d’autres manières de constuire plus riches
d’enseignements, moins snobs et plus louables
que celles qui meublaient mon quotidien parisien.
Un quotidien commun à beaucoup de gens,
frénétique et aliénant, composé de journées à
rallonge passées devant l’ordi à dessiner des
projets vides de sens et avides d’esthétisme
subjectif, transpirant le greenwashing hypocrite,
entouré de collègues harrassés et totalement
soumis à une hyérarchie prédatrice de temps, bien
trop souvent carnassière et dépourvue d’empathie.
Le contexte idéal, en somme, pour semer les
*Obtention de l’HMONP : Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre, équivalent ex-statut architecte DPLG (conditionne l’inscription à l’Ordre et l’autorisation de dépot des permis de construire)
graines de l’émancipation et poser les jalons
d’une affirmation de soi et de ses valeurs.
Face aux questions que je me posais, l’évidence
s’est imposée : il me fallait à tout prix changer
de cadre, ou plutôt en sortir. J’avais besoin de
(re)trouver ce qui m’anime, d’approfondir mes
connaissances techniques, de découvrir le «savoirfaire-
soi-même».
Après une année de vadrouille, de visites
d’écolieux, de démarches alternatives, de chantiers
participatifs, je me suis orientée spontanément vers
une formation en éco-construction.
De là où je me place, ce choix est à la croisée des
chemins entre la reconversion et la spécialisation.
Moi qui étais sur l’autoroute du BTP sans destination
précise, j’ai emprunté un sentier non balisé qui a
débouché sur un estuaire des possibles!
Le rêve, pour une jeune archi (trop) idéaliste en
quête de modes constructifs plus éthiques et plus
humains, en quête de MIEUX, tout simplement
: mieux vivre, mieux construire, mieux concevoir,
autrement, naturellement, passionnément!